mardi 16 juin 2009



Biographie à venir.

Claus von Stauffenberg

La sortie du film Walkyrie de Bryan Singer en janvier 2008 a créé une vive polémique notamment en Allemagne sur le thème de la résistance allemande au nazisme, faisant de ce colonel de la Wermacht un héros. Oublions très vite l absurdité bien américaine de prendre comme acteur vedette Tom Cruise, adepte notoire de la scientologie, secte déclarée interdite en Allemagne, pour nous consacrer sur l essentiel.
Né en 1907 en Souabe Bavière d une illustre famille catholique ayant une forte tradition militaire prussienne, il est de cette nouvelle promotion d officiers de la Reichswehr naissante. Ecole d Infanterie de Dresde, puis école de cavalerie de Hanovre d où il sort major, il fréquente les cercles de la Révolution Conservatrice. La montée du nazisme lui apparait très vite comme une évidence pour la reconstruction de l Allemagne, sans états d âme sur une pensée mystique mélant un nouvel ordre racial et social.
La suite de son parcours est on ne peut plus classique dans une Allemagne ambitieuse où de nombreuses places sont à prendre. Il intégre l académie militaire de Berlin en 1936 pour une formation au sein de l état major général. Puis la guerre éclate. 1939 le voit faire la campagne de Pologne au sein d une division de blindés légers, 1940 la campagne de France au sein de l état major général. Fin 1941 il est muté sur le front de l Est en charge de la réorganisation de la politique menée
dans les territoires occupés à l Est, et notamment de la question des « volontaires » de la Légion de l Est, essentiellement dans le Caucase.
Mi-novembre 1942, pendant la débâcle de Stalingrad, sa division blindée, la Xème, prend part à l occupation de la France libre. Il rejoint ensuite Rommel en Afrique du Nord où il est sérieusement blessé lors d une attaque aérienne. Opéré et sauvé, il intègre alors l état major général.
Arrêtons-nous la un instant.
Comme de très nombreux officiers de la Wehrmacht, Claus Von Stauffenberg sait que ses meurtrissures physiques sont à l image de l Allemagne. 1943 marque le tournant de la guerre. La colossale débâcle de Stalingrad malgré un rétablissement miraculeux, la fin de l initiative tactique et stratégique après Koursk, la perte de l Afrique du Nord, la suprématie aérienne de plus en plus totale des Alliés dans l espace aérien du Reich, l imminence d un débarquement allié en France qu’ annoncent les multiples opérations amphibies alliés en Afrique du Nord, en Sicile, en Italie, tout montre que la guerre est perdue, que le Reich a réédité l erreur de la génération précédente de la guerre sur 2 fronts.
Il faut donc stopper l hémorragie humaine, les pertes étant énormes à l échelle du pays, trouver une solution politique pour ne pas finir dans l anéantissement le plus total.
Et cette solution politique ne passe que par 2 axes indispensables : la liquidation physique d Hitler ainsi qu’une paix séparée à l Ouest afin de continuer la guerre à l Est. Ces 2 conditions ne seront jamais réunies, les différents attentats échouant tous les uns après les autres et les Alliés décidant à la conférence de Casablanca d une capitulation sans conditions à l Ouest.

Depuis une vingtaine d années, à la lecture des archives russes et la déclassification anglaise des conversations des officiers allemands en détention, de nombreux historiens ont créés une théorie de la résistance allemande au sein de la Wehrmacht.
Cette thèse s appuie sur les transcriptions enregistrées à leur insu entre officiers allemands dans leurs lieux de détention et leurs interrogatoires. D une part, l armée de terre se serait très vite désolidarisée des exactions nazies sur le front de l Est, exaspérée par la conduite de la guerre par Hitler et la mise au pas de l Etat Major Général. D autre part, la Wehrmacht aurait été le seul lieu de résistance à Hitler, car seule dotée de la capacité de renversement du régime, et qu’en outre elle est fort peu infiltrée par les services de police de l Etat.
La réalité montre tout au contraire après une étude sérieuse des carrières individuelles des différentes sources d informations que le système de rotation des officiers allemands les amenait à changer très régulièrement d unité, de lieux d opérations. L imbrication des unités régulières, des unités SS dans les opérations ethniques à l Est était telle que jamais la notion de secret n a été imposée par le haut commandement. Les témoignages des officiers capturés à l Ouest est édifiant sur ce point. 1943 est pour eux le point de retournement vis-à-vis du régime, il s agit de sauver l Allemagne. Tous ont servis contre les Soviétiques, aucun ne nie son appartenance aux unités mises à disposition des unités spéciales dans les gigantesques massacres. Mais il s agissait d une guerre politique.
Le recoupement d informations et surtout d interrogatoires de prisonniers est toujours à prendre dans la dimension du temps et du lieu. L état psychologique de 1939 est totalement différent de celui de 1943, nous sommes passés d une approche gagnant et écrasante de la victoire à la perspective sombre de l anéantissement et des comptes à rendre. Les facteurs d erreurs sont multiples, oubli pur et simple de la situation, intérêts divergents des services occidentaux et soviétiques lors des comptes rendus secrets, intérêts évidents d une présentation plus noble des actes de l élite de la classe militaire allemande.
L’ensemble des conjurés de Walkyrie est dans ce profil. Une génération d officiers sans états d âmes, jeunes pour la plupart et très ambitieux, dans un régime exacerbant un très fort clientélisme dans ses moyens militaires. Il n y eut ni héros, ni martyr. Simplement des hommes soucieux avant tout chose de sauver ce qui pouvait l être. Tout le contraire des frères Bielski en Biélorussie.
Je conseille à ceux que le sujet intéresse l excellente Histoire de l Armée Allemande 1939-1945 de Philippe Masson ainsi que la remarquable étude Jean Luc Leleu sur la Waffen-SS.

jeudi 11 décembre 2008

Chine le dernier acte de la crise

Récapitulons notre scénario élaboré il y a déjà plus de 3 ans.
La décision des autorités américaines du Président Clinton d’imposer en 2000 au très faible président de la FED Alan Greenspan des baisses successives de leur taux directeur jusqu’à un niveau historiquement jamais vu, ceci afin de contenir l’éclatement de la bulle spéculative des dot.com, a eu pour conséquence un afflux là encore jamais vu d’argent facile et gratuit, et un emballement du crédit sous toutes ses formes.
La suite, nous la connaissons maintenant dans l’ordre suivant : bulle du crédit immobilier, bulle de la titrisation des risques, bulle des hedges funds, bulle des matières premières et bulle du pétrole.
Le choc de la crise du système bancaire US et en corolaire international a fait prendre conscience à de nombreux décideurs de la réalité d’une récession économique, suivie d’une dépression (plus de 2 trimestres négatifs) et enfin d’une déflation de tous les actifs.
C’est exactement ce qui se passe. Le dernier acte peut s’installer. Depuis l’été 2007 et l’éclatement de la crise des « subprimes », de très nombreux économistes et commentateurs nous ont déversé une nouvelle théorie dite du découplage, l’idée étant que les BRIC, Brésil, Russie, Inde et Chine, pays émergents en tant que puissances économiques, avaient un marché intérieur suffisamment fort pour ne pas ressentir les effets dévastateurs de la crise de consommation massive qui arrivait en Occident.
Evidemment, cette idée grotesque n’a pas résistée longtemps aux réalités de la globalisation. L’émergence de la Chine comme usine du monde s’est faite sur un seul critère : produire énormément de biens de consommation pour énormément moins cher…
Les usines se sont donc très vite délocalisées, attirées par un environnement économique très attractif : les salaires les plus bas de la planète, une masse gigantesque de travailleurs disponibles, aucun risque de revendication sociale, des pouvoirs exécutifs favorisant une opacité des entreprises et des marchés financiers.
A cet effet, le pouvoir central de Beijing a mis en place une politique plus ou moins forcée de transferts de population, essentiellement masculine, des territoires agricoles vers les nouvelles zones industrielles, d’abord vers les côtes (Canton, Shanghai) puis le centre de la Chine (Changsha, Lanzhou, Chengdu). Il n’y a évidemment aucun outil statistique chinois officiel de cet afflux mais les services occidentaux l’évaluent entre 80 et 120 millions de personnes déplacées, c’est à a dire un peu moins de 10 % de la population globale de l’Etat Chinois. Ces travailleurs paysans émigrent seuls, sans leur famille, charge à eux d’alimenter les campagnes par le gain de leur salaire d’ouvrier. Prendre le train en Chine en direction de l’intérieur dans des wagons bondés d’hommes seuls permet immédiatement de comprendre la problématique.
Alors la crise, quel rapport ?
Là encore, de même que les signes annonciateurs de cette crise majeurs étaient présents de par cette financiarisation forcenée de l’économie, l’arrêt brutal de la consommation hors produits de nécessité aurait inévitablement une conséquence lourde sur les exportations made in China.

Différentes émeutes sévèrement réprimées se sont produites dans toutes les zones industrielles chinoises, toutes avec le même modus operandi : fermetures d’immenses usines devant le manque de commandes, licenciements massifs, pas de prestations sociales, retour a la terre pour les paysans ouvriers…sauf que cela n’est plus possible. La Chine s’est habituée à cet afflux d’argent occidental, ses travailleurs aussi, et le pays se trouve dans l’incapacité totale de traiter ce problème.
Ces émeutes sont des mini soulèvements qui conjuguent autant les sentiments de faim, de désespoir que de rejet du pouvoir central de Beijing. Tout est prétexte à descendre dans la rue, mais toujours en toile de fond d’une précarité devant le futur, sentiment inconnu dans les dix dernières années. Là encore, rien n’arrive par hasard. Le bruit courait toutes les salles de marchés que les jeux Olympiques de Beijing 2008 constituerait le chant du cygne, que l’avenir était sombre.
A cet égard, la subtile manœuvre chinoise dans le traitement différencié de la France vis-à-vis de ces partenaires économiques européens, Allemagne en tête, via la rencontre de Nicolas Sarkozy et du Dalaï Lama, ne doit pas nous abuser.
La Chine reste le principal pourvoyeur (30% de la production mondiale) de l’industrie de la contrefaçon autant dans les secteurs de l'horlogerie et de la maroquinerie de luxe que les baladeurs numériques, les cosmétiques, les médicaments, les pièces de rechange automobile, les composants électroniques... sans oublier les "griffes" et le sportswear qui sont des incontournables depuis des décennies.
Ce sont en tout près de 200 000 emplois perdus en Occident, d'après les douanes et les études de divers ministères de l'Economie. Cette hémorragie devient insupportable en ces temps de crise où le chômage explose -- + 45 900 demandeurs d'emploi en France en octobre.
Il y a un sévère ralentissement de la croissance en interne, une fois passé le rush des Jeux olympiques. Pékin se retrouve confronté à un chômage de masse, à la fermeture de milliers d'usines et à un surstock d'articles impayés, destinés à l'export, dont les clients ne prennent plus livraison.
La Chine menace de reporter des commandes d'Airbus. Là non plus, il ne faut pas se laisser impressionner : ces avions ne seront pas fabriqués à Toulouse ou à Hambourg pour être livrés sans délai à l'empire du Milieu une fois peint sur l'empennage le logo des compagnies d'aviation locales.
La plupart des appareils seront en effet construits sur place, sous licence EADS, par des ouvriers chinois. Le report des commandes pénalise d'abord les salariés domestiques... mais il va soulager les banquiers de certaines compagnies chinoises qui s'étaient un peu emballées, se fiant à des projections de croissance du trafic aérien exagérément optimistes.
Un sommet franco-chinois, c'est fait pour signer des contrats... mais Pékin se retrouve aujourd'hui plutôt gêné aux entournures. L'impératif du moment est de réduire la voilure en termes de projets industriels et de consolider la demande interne.
Les incertitudes économiques ne sont certainement pas moins grandes dans l'empire du Milieu qu'en Europe ou aux Etats-Unis... sinon Pékin n'aurait jamais annoncé un abaissement de 108 points de base du taux directeur -- soit quatre crans d'un coup puisque le "pas de variation" traditionnel de la banque centrale est de 27 points de base et non de 25 points comme en Occident.
Oui, décidément, le Dalaï Lama a bon dos ; ce coup d'éclat diplomatique incriminant Nicolas Sarkozy en dit finalement assez long sur la période difficile qu'affronte la Chine après plusieurs années de croissance à deux chiffres. Et l'essentiel, pour les dirigeants de l'empire du Milieu, quels que soient l'époque ou les circonstances, est de ne pas perdre la face !

samedi 25 octobre 2008

Paradis fiscaux

Dans le grand maelstrom des dernières semaines, la question des paradis fiscaux est revenue avec force dans ce débat très européen, débat que s épargnent allégrement les Anglos Saxons.
Un paradis fiscal se définit généralement par trois raisons.
La première est la qualité des services qu’il offre à ses clients, autant dans son environnement législatif que dans la réelle qualité de ses intermédiaires financiers et juridiques. Du point de vue du secret bancaire, de l'absence de taxes, du principe de la non résidence et de l' absence quasi-totale de réglementation, le plus grand paradis fiscal de la planète est la City de Londres, et ce depuis 1950 et en toute légalité et impunité… et quand cela ne suffit pas, les relais plus exotiques d'anciennes possessions de la couronne britannique mais sous contrôle géographique américain tels les Bermudes, les Bahamas ou les Iles Vierges accueillent sans aucun problème les capitaux transitant par Londres mais ne pouvant y rester. L'essor de l'industrie de la finance de la City ne s'explique pas autrement, et fait passer la Suisse pour une aimable pension de famille ! Quelques chiffres à retenir : si les places de Zurich, Lausanne, Genève et Lugano abritent plus de 70 % du patrimoine prive global, ces places à elles toutes ne représentent que 10 % du poids de Londres…car la City a su attirer les capitaux professionnels des non résidents essentiellement du monde Arabo Persique.
Le cas des îles Anglo-Normandes de Jersey et Guernesey ou de l île de Man est caractéristique du pragmatisme anglais, les seuls comptes à avoir été déclarés par Gordon Brown à l'administration fiscale britannique ont été ceux de sujets du royaume voulant frauder.
La seconde raison est le recours massif de l'économie mondiale et de l'industrie financière aux paradis fiscaux. Toutes les plus grandes sociétés y ont créé des milliers de sociétés écrans, off shore (à distinguer du on shore c'est à dire dans le pays d'activité ou de résidence) afin de sortir des bilans des bénéfices hors impositions, d y verser des bonus, des commissions sans trace fiscale ni comptable. Les Etats font de même pour leurs services secrets, leurs diplomaties parallèles et les ventes d armement. La quasi-totalité des hedge funds y est abritée également dans les mêmes conditions d'opacité fiscale, permettant des performances évidemment sans rapport avec des fonds sous régime d'imposition locale.
Dans le cas de la faillite retentissante d'Enron, entrainant dans sa chute tous ses salariés ainsi que ses propres fonds de retraites et d'assurances maladie, la cause essentielle de la débâcle était la sortie systématique vers Nassau des meilleurs centres de profit de l'entreprise…et aucun politique américain ne s'est insurgé contre ces pratiques.
La troisième raison est le dumping fiscal que les Etats se font entre eux, leur souveraineté étant leur propre et quasi seule valeur marchande. Il en est pour l'Europe de petits pays comme Monaco, Andorre, San Marin, Le Lichtenstein , Gibraltar, tous liés au secret bancaire, mais obligés de mettre en place en place des procédures assez contraignantes de Lutte contre le Blanchiment de l'Argent (LBA) en raison de la lutte contre le terrorisme et son financement, mais aussi et surtout de pays avec une économie plus développée comme l'Irlande, la Hongrie, la Macédoine qui ont basé leur renouveau sur des politiques fiscales très attractives voire nulles.
Encore une fois, lors de l'intégration et de l'Irlande et ensuite des pays dits de l'Est, aucun politique ne s'est élevé contre ce type de pratique. Et ce pour une très bonne raison, les 6 pays dits fondateurs se faisaient la même chose entre eux, les Belges ne taxant pas l'ISF et la transmission du patrimoine et les Hollandais abritant quantité de holdings de tête sans fiscalisation des dividendes.
J'y ajouterai une quatrième raison due à mon expérience professionnelle, la stabilité des environnements législatifs, juridiques et financiers de ces Etats. Contrairement aux idées reçues de bon nombre, les délocalisations privées sont dues essentiellement à un manque total de visibilité à long terme des politiques fiscales, économiques et juridiques des Etats. Elles changent en permanence…!!! Or pour un investisseur, qu’il soit privé ou professionnel, rien n'est pire que la certitude que son environnement changera avec le temps, et pas en sa faveur !
L' exemple typique de fausse bonne idée est le bouclier fiscal qui n'a permis ni d'endiguer le flot continu de délocalisation en Suisse et en Belgique (tiens la Belgique serait donc aussi un paradis fiscal ???) ni évidemment de permettre le retour des capitaux expatriés. Les conditions n étant pas pérennes, aucun investisseur sensé ne prendra un tel risque, les questions de patriotisme à une époque ou avec le même passeport et la même monnaie nous pouvons circuler au sein d'un espace unifié étant d un ridicule infini, au lieu de se concentrer sur les questions essentielles : un coût du travail 20 % moins cher en Allemagne qu’en France, une productivité et une qualité en chute.
Au fond, tout ceci n'est que démagogie politique, une bonne vieille astuce de communication dans cette période troublée, il faut débusquer le bouc émissaire !!!
Le plus étonnant finalement est que l'impact des Etats à paradis fiscaux ou dumping fiscal permet d'adoucir la pression fiscale de leurs voisins sous l'influence de leur concurrence.

jeudi 11 septembre 2008

Quand on joue au bonneteau...


Savez-vous jouer au bonneteau ?
Pour ceux qui ne connaissent pas ce jeu magnifique car si simple, il suffit de regarder les films français des années 50. On y voit sur le quai d'un trottoir, devant les gares, les grands boulevards, les quartiers populaires, un parapluie posé sur le sol et trois cartes retournées sur l'envers. Celui qui les manipule parie contre celui qui paie une mise qu’il ne pourra pas retrouver l'as qu’il lui a montre au début…évidemment, on gagne au début et on perd tout a la fin !!!

Pour les joueurs du grand Loto des Bourses actuelles, la nationalisation de Fannie Mae et Freddie Mac, la plus massive de l'histoire du capitalisme : 5 000 milliards de dollars d'actifs concernés, le Trésor américain s'engageant sur le principe d'une recapitalisation à hauteur de 200 milliards de dollars, va permettre une dose d'adrénaline massive.
13% du PIB des Etats-Unis aujourd'hui….
10% d'emprunteurs défaillants sur leurs prêts immobiliers, dont plus de 30% dans la catégorie subprime (souscrits en 2006/2007)…
Cela signifie que la perte potentielle se monte d'ores et déjà à 500 milliards de dollars…
Mais cela pourrait monter au chiffre vertigineux de 1 000 milliards de dollars pour le trésor américain avec les sinistres prévisibles sur les créances de type "Alt-A", la barre des 20% de taux de défaut (comme en Angleterre au milieu des années 90) pourrait être atteinte d'ici fin 2009.
1 000 milliards de dollars…
Cet essai désespéré de sortie de crise fait immédiatement penser à la crise de la caisse d'épargnes quinze plus tôt. Sauf que… les montants sont cinq fois plus importants qu’à l'époque et que surtout la situation économique et budgétaire n a plus rien à voir.
Pour ceux qui me lisent depuis quelques années déjà, le rapport avec le jeu dit du bonneteau est magnifique ! Nous avons longuement expliqueé que cette crise était la plus grave du système financier depuis la crise de 1929, que cette explosion successive de bulles les unes après les autres se finirait inévitablement très mal ; les dot com., l'immobilier, le dollar, toutes alimentées par une frénésie de crédit a taux négatifs. Mais je ne pensais pas que la honorable Lehman Brothers en fournirait un exemple aussi magnifique. Hier lundi 8 septembre, le cours s'envolait à l'ouverture de Paris de plus de 8 % pour retomber de -17 % a l heure du déjeuner, pour finalement au moment ou je vous écris mardi après midi de s effondrer de plus de 36 % suite au non rachat par des Sud Coréens…
Quelle arnaque…j'y reviendrai.
Qui des actionnaires de Fannie Mae (-88% ce lundi) et Freddie Mac (-85% à la reprise des cotations) ? Il devait bien y avoir quelques « petits porteurs » non ? Quand aux gérants des divers fonds, ils n'ont qu’à retourner à l'école et surtout changer de professeur d'économie.
Car quand même, les souvenirs ne peuvent pas s'arrêter à la semaine dernière…au début des années 70, Fannie Mae et Freddie Mac réalisaient un chiffre d'affaire microscopique. Il n'avait jamais été question qu'ils deviendraient les deux premiers émetteurs privés d'obligations au monde, ni les acheteurs en dernier ressort, sur injonction de la Fed et du Congrès, de 50% des créances immobilières de basse qualité négociées par les banques commerciales ces dernières années.
En quatre séances, le Dow Jones a perdu 7 % entre 11 800 points et 11 040 points en quatre séances. De très grosses institutions de la finance se sont délestées en vendant du papier pendant la semaine passée, puis en rachetant le lundi à la hausse suite à l'annonce du secrétaire du Tresor Henry Paulson concernant le refinancement, pardon la nationalisation rampante des deux mastodontes éreintés. Ce week end, tout était dit : les deux directions était evincées, les golden parachute actionnés, et tout cette belle intelligentsia se retrouvaient dans tous les lieux de culte possibles de new York en priant que ça soit enfin la der des ders…la crise était soldée, le contribuable américain allait payer, l'immobilier allait redémarrer, donc la consommation et par la même l'économie, et tout ceci ne serait qu’un mauvais souvenir…
Il n y a qu’un tout petit problème…

Qui va acheter les obligations du Trésor … ?
Tous les investisseurs s'attendent à une baisse des taux de l'inflation ; voilà pourquoi ils sont prêts à acheter des obligations américaines dont le rendement est bien inférieur aux taux d'inflation actuels. Tant que le dollar tient bon et que les taux d'inflation sont sous contrôle, ils pensent pouvoir continuer à se retirer en bon ordre... jusqu'à ce que les consommateurs américains reprennent du poil de la bête.
Nous pensons au contraire qu’une économie globalisée ne peut fonctionner à terme avec des taux négatifs de moitié. Car dans ce cas, je vous conseille d aller sans tarder emprunter de l'argent sans limite à votre voisin, à votre grand mère, à qui vous voulez et de ne lui donner que la moitié en intérêt du cout réel de la hausse des prix, et peut être de ne jamais rembourser…personne ne vous prêtera car l'Etat donc l'impôt ne paiera pas pour vous.
Une interview est parue dans le Journal des finances, de M. Axel Miller, président du comité de direction de Dexia, qui a déclaré : "compte-tenu de l'environnement actuel extrêmement dégradé, notre bilan est bon. Hors FSA"… forcément hors FSA, puisque le cumul de toutes les pertes et dépréciations se fait dans cette filiale américaine. Le cours de bourse du titre a dévissé de 55% en un an : "sur 90% de nos activités bancaires, le bilan est plus qu'honorable. Seul FSA comporte une part d'incertitude". Sauf que les 10% pourraient mettre en péril tout le reste. Sauf que, plus grave encore, il ne le sait pas lui-même.
A méditer…


jeudi 24 janvier 2008

D'une crise financière majeure vers une récession économique

Décidément, en ce début d’année 2008, le mensonge politico – financier ne paie plus. A quoi avons-nous assisté depuis juin 2007 ? A une très forte correction des marchés après plus de 5 années de hausses ininterrompues. Cette date charnière de juin 2007 correspond à l’éclatement des mensonges officiels pour masquer la crise du subprime. Lundi, la crise qui couvait a éclaté, déclenchant l’abattement généralisé des traders, ceux-ci réalisant qu’il faudra au moins un semestre pour découvrir l’ampleur des dettes abyssales des banques et surtout pour connaitre l’impact réel de l’éclatement de la bulle des dérivés de crédit, via les pertes liées à leurs instruments de titrisation que sont CDO, ABS et autres MBS. Sur ce thème, je vous conseille l’excellent article de Jacques Gravereau.

Quel est le scenario le plus envisageable ? Que la FED et la BCE baissent les taux dans l’urgence, alors un rebond technique s’opérera. Pour la FED, c'est déjà fait. Mais Jean-Claude Trichet se fait tirer l’oreille, l’œil rivé sur l’inflation rampante. Or le pire serait que la BCE ne change pas de priorité, c'est-à-dire délaisser l’inflation et baisser les taux. C’est exactement ce qui s’est passé en 1987, le krach étant provoqué par les politiques opposées de la FED et de la Bundesbank. En réalité, le boom est une fraude, un mensonge. Lorsqu’on dépense plus qu’on ne gagne, on s’appauvrit, c’est mathématique. Roger Cohen déclarait dans l’International Herald Tribune de lundi « qu’il n y avait plus d’épargne aux États-Unis et que les Américains devaient réapprendre à épargner plutôt que de faire jouer l’effet de levier du crédit de la consommation ».

Que va-t-il se passer ? Et surtout, la baisse du marché des actions est-elle derrière ou devant nous ? En corollaire, l’économie réelle rebondira-t-elle ou allons nous droit vers une récession ? En 2001, le paquet fiscal équivalent aux 140 milliards de dollars actuels a permis de réinjecter massivement de l’argent dans l’économie par la hausse de la consommation. Mais aujourd hui, les Américains sont surendettés : 13 % de défaillance sur les prêts subprime, 10 % sur les prêts de catégorie A et encore plus sur les cartes de crédit. Les ménages ne feront que prendre l’argent non pour consommer, mais pour rembourser leurs dettes à leurs banques. Le subprime, c’est 500 milliards de dollars à digérer. Officiellement, 100 milliards ont été déclarés. Que va-t-il se passer quand les 400 autres vont remonter à la surface ?

Les conditions de crédit se resserrent déjà très fortement aux États-Unis et au Royaume-Uni. Moins de crédits, cela veut dire moins d’investissements et de consommations, donc moins de croissance et d'activité. Or il va bien falloir purger et payer. L’industrie numéro 1 aux États-Unis est l’industrie financière, et les États-Unis représentent 25 % du PIB mondial. Nos prévisions sont un rebond technique du CAC vers 5200, 5300 points puis un retour vers un grand trend baissier. Mais jusqu’où ?

Tout en fait est une question de confiance. Dans le Wall Street Journal de mardi, de nombreux économistes expliquent que la récession pourrait être plus « sévère » que prévue. Et le directeur du FMI a déclaré que la crise financière internationale était « sérieuse ». Alors la FED a baissé les taux. Le Congre US pourrait quant à lui approuver le plan de relance de Bush. Mais tout ceci va encore plus endommager le dollar. Que vont faire les exportateurs asiatiques et les exportateurs pétroliers du Golfe de leurs milliers de milliards de dollars ?

En effet, nos politiciens des deux côtés de l’Atlantique nous parlent sans arrêt de stimuler l’économie avec des baisses de taux et des réductions d’impôts. C’est un mensonge de plus. La seule chose qui stimule l’économie, c’est l’augmentation des dépenses de consommation. Mais comme on ne veut pas toucher aux salaires, il ne reste plus que le crédit et l’inflation. En son temps, Paul Volker avait su résister à la tête de la FED aux lobbies qui contrôlent désormais la Maison Blanche, il avait su protéger la devise et freiner l’inflation. Il est dorénavant dans le privé et conseille à ses clients de se couvrir. Dès lors, rien ne saura empêcher la destruction du dollar.

C’est pourquoi nous sommes toujours très positif sur l’Or. Quand Mme le Ministre Lagarde affirme que la croissance sera plus proche de 2.5 % que de 2 %, que l’inflation 2007 est inférieure à 2 %, nous nous demandons si elle se nourrit, se loge, fait le plein de sa voiture, téléphone, paie ses assurances, ses impôts et ses charges de copropriété. C'est une farce, encore un mensonge. Personne ne sait réellement ce qui compose l’indice des prix, celui-ci étant tenu secret. Pour info, www.insee.fr. On peut baisser les prix des écrans plats et des systèmes GPS, les gens savent qu’on leur ment. L’équation est pourtant très simple : s’il y a un problème de pouvoir d’achat, c’est qu’il y a érosion monétaire ou inflation.

Et l’or monte contre toutes les monnaies car l’inflation est déjà là ! Nous voyons trois phases dans la hausse de l’or. Premièrement, c’est le début de la hausse, date de 2001 à 2006. C’est la période ou seuls les initiés, ceux qui ont anticipé la bulle du crédit et de l’immobilier après le dégonflement de la bulle de l’Internet, ont achetés. L’once d’or passe de 260 dollars (300 euros) à plus de 500 dollars (420 euros). Ensuite, la seconde phase commence. Les gros investisseurs suivent, de même toujours que les initiés. De 2006 a 2008, l’once d’or passe de 500 dollars (420 euros) à son niveau actuel de 860 dollars (630 euros). Nous sommes toujours dans cette phase. Enfin et troisièmement, l’or passe a la télévision et dans les journaux à la une. La hausse sera rapide, fulgurante et extrêmement dangereuse car spéculative. Notre objectif est de 1800 dollars (1300 euros). Il sera alors temps de vendre.